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Point final

C'est un point.

Un point comme un autre.

Et pourtant, il est si puissant.

C'est le point final, celui qui marque la fin d'un rêve. Un rêve d'écriture maintenant réalité.

Hier soir à 00:34 j'ai mis le point final à ma nouvelle histoire "Bohémian Rhapsodie".

Je suis dans un état second. Comme après une longue nuit de sommeil où les songes étaient tellement réels qu'on a du mal à retrouver la réalité.

Remettre les pieds sur terre, c'est ce que je vais essayer de faire aujourd'hui. Et puis demain, j'imprimerai tous ces mots, toutes ces feuilles, tous ces chapitres. Pour les reprendre un par un. Et faire de la broderie fine.

Je ne résiste pas à l'envie de vous faire lire un extrait. Quelques lignes piquées au milieu de ce nul part qui bientôt deviendra mon prochain roman.

 

Adrienne observa son ami qui boudait. Son dos courbé, ses épis sombres qui dépassaient de sa casquette, ses joues pâles, ses pieds en dedans, son air inquiet. La poupée blonde l’aimait bien. Il ressemblait à une figurine désarticulée qu’il fallait placer, guider, recoller et Adrienne, avec ses boucles d’or et ses billes bleues, était une bonne accompagnatrice.   

- Quand je serai grande, je serai infirmière. Parce que j’en ai marre du rouge et des pois. Je serai tout en blanc. Ce sera beau.

Englo l’écouta, essaya d’avaler sa salive malgré la boule qui lui nouait le gosier puis, toujours de dos, répondit :

- T’as qu’à devenir une mariée. Comme ça tu seras toute blanche. Et puis tu n’auras pas le sang et les pansements.

Le bonhomme marqua une pause. Il se tourna vers elle. Il se racla la gorge cette fois, pour essayer d’expulser la masse pleine d’angoisse qui l’empêchait de déglutir normalement, se débarrassa d’une toute petite partie et continua :

- Si tu veux, tu peux… te marier avec moi.

Adrienne sentit son âme bondir. Une grande traîne blanche et un tout petit costume. C’était  tellement beau mais en même temps tellement absurde. La fillette flamenco pensa un grand oui et répondit :

- Non.

Puis rectifia :

- Non merci.

Il fallait être poli lorsqu’on broyait le cœur d’un ami. C’est sa mère qui lui avait appris. Englo bégaya quelques silences puis souffla :

- Mais pourquoi ?

- Parce que tu seras jamais grand. Et puis j’aime bien le rouge du sang.

Englo, vexé, se retourna. Il avait bien vu qu’elle faisait une tête de plus que lui, que ses seins commençaient déjà à pointer, qu’elle était plus âgée, mais pour lui cela n’avait aucune importance. Quand ils seraient des adultes on ne verrait plus la différence. Une larme coula le long de son nez qui se mit à renifler. Adrienne lui prit la main et murmura à son oreille :

- Mais si t’avais pu grandir, je t’aurais épousé.

Englo serra ses petits doigts dans les siens. Un jour, quand il aurait des poils sur le ventre, il lui offrirait une robe de princesse. En attendant, il était près d’elle et cela lui suffisait.

Assis dans la poussière, les deux enfants se turent. Un blaireau grattait à la porte de la cuisine et ils ne voulaient pas le faire fuir. Tous deux ayant une terrible envie de l’attraper et de le faire frire.


 


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K
<br /> Je n'ai qu'une hâte, c'est me plonger dans ce prochain roman. J'attends sa publication avec grande impatience.<br /> Je n'ai lu que "A l'endroit où elles naissent" de vous, mais ce roman m'a marqué à jamais. Une écriture si belle.<br /> Merci de nous faire voyager comme cà.<br /> Et bon courage pour la suite !<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Ohlala, je suis impatiente de découvrir ce nouveau roman!<br /> J'ai lu " chambre 442" lors de mes vacances à Saint Alban Auriolles il y a 2 semaines...tellement réaliste!<br /> Alors à très bientôt!<br /> <br /> <br />
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